conte de Noël 2022 Suggérer par mail

 

 

 

En cette journée du 24 décembre, après un cheminement sur une longue route étroite et sinueuse qui me paraissait sans fin, mon GPS m’envoie enfin un message « vous êtes arrivé à destination » .

Oui je suis bien arrivé dans un petit village de la Haute-Ardèche. Je me gare près de l’église dont le clocher domine quelques maisons aux toits enneigés. Je me dirige vers le cimetière qui était le but de mon voyage, bien décidé à retrouver la tombe familiale où sont enterrés mon arrière-grand-père et ses deux frères morts à la guerre de 1914-1918. Juste avant de rentrer dans ce cimetière je croise une personne âgée, courbée par le poids des années, qui marche à petits pas, portant à la main une petite biche de lait. Je l’interpelle et lui demande s’il sait où se trouve la tombe de la famille Ganivet. « Bien sûr que oui je vais vous y conduire. Elle repose juste à côté de mes parents ». Après quelques petits détours dans le cimetière mon guide s’arrête devant une minuscule clôture en fer forgé bien rongée par le temps où domine une croix. De chaque côté de cette croix se trouve deux cœurs où l’on peut lire les inscriptions suivantes : Pétrus Ganivet décédé en 1915 à l’âge de 22 ans mort pour la France et de l’autre côté de la Croix se trouve dans l’autre cœur les inscriptions : Auguste Ganivet décédé en 1916 à l’âge de 20 ans mort au combat, et en bas de ces deux cœurs se trouve des petits drapeaux français. Puis je peux lire aussi dans d’autres cœurs le nom de mon arrière-grand-père et de mon arrière-grand-mère. Le brave homme se retire de quelques pas pour me laisser me recueillir un instant.

Lorsque je me retourne, il prend la parole et me dit qu’il se prénomme Gustave et il est l’aîné d’une famille de sept enfants, que ses parents lui ont souvent parlé de la famille Ganivet, et il me propose gentiment de venir chez lui car il possède des documents concernant ma famille. Très surpris et heureux de cette proposition, nous voilà partis chez ce brave homme, tout en le suivant nous déambulons dans les petites ruelles du village. Puis il s’arrête en me montrant du doigt une maison inhabitée. Il me dit tu vois c’est ici que vivait autrefois ta famille. Puis il se retourne tout en ouvrant la porte de la maison opposée il s’écrit « oh ! Jeannette tu vas être surprise je t’amène un gars de la ville c’est le petit-fils de Gaston Ganivet, l’ancien cordonnier il est venu de loin pour se recueillir sur la tombe de ses ancêtres. Fais-lui voir les photos d’autrefois ». La dame s’exécute et se dirige vers une armoire, en ouvre la porte qui grince un peu, en sort une grande enveloppe un peu poussiéreuse. Le monsieur se saisit de l’enveloppe, en vide le contenu sur la table, c’est la surprise, un empilement de photos apparaît, puis le brave homme les écarte de sa main et l’on voit des photos de mariage, de communion et des photos de classe. Chacune des photos est commentée et souvent le nom de la famille Ganivet est cité. Gustave prend un certain plaisir à me raconter quelques anecdotes, et parfois Jeannette vient prêter main-forte pour les commentaires tout en gardant un œil sur son vieux fourneau. Remuant régulièrement une immense poêle où se trouvent des châtaignes elle en vide quelques-unes sur la table, je comprends vite que le rituel est de déguster les châtaignes et les éplucher sans se brûler les doigts, tout cela accompagné de quelques verres de vin rouge.

Puis Jeannette profite d’un instant de silence pour m’interpeller : « vous qui venez de la ville vous y croyez-vous à ce que dit la TSF, mon vieux fourneau émettrait des particules toxiques et je pourrais bientôt plus l’allumer car il ne serait plus conforme ? Déjà que nous avons arrêté depuis huit ans de tuer notre cochon, car cela devenait trop contraignant ! Je n’y comprends plus rien mais où va notre pauvre monde ! cette année le jardin n’a rien donné à cause de la chaleur et la sécheresse, et la source du Grand Clos avait tarie. Nos patates ont toute été mangées par les doryphores, avec leur écologie, impossible de trouver un produit efficace pour s’en débarrasser, pourtant ces produits nous coûtent très cher. »

Puis après un instant de silence elle reprend la parole « nous sommes bien démunis dans nos montagnes. Enfin il ne faut pas trop se plaindre, cet été beaucoup de forêts ont brûlé, c’est bien triste tout cela ! mais nous avons encore de la chance nos châtaigniers ne brûlent pas. Dire que certains pays sont si riches, qu’ils en arrivent même à irriguer le désert, pour y construire des villes avec de belles routes bordées de palmiers et d’immenses stades de football. Où le gazon reste toute l’année impeccablement vert grâce à des procédés très sophistiqués d’irrigation et de dessalage de l’eau de mer. Ils auraient même poussé l’exploit à rafraîchir l’air ambiant. Je ne m’y connais pas bien en désert mais j’avais lu un très joli livre sur le désert d’Atacama au Chili. Dans cet immense désert il ne tombe tout au plus que quelques millimètres d’eau par an. Pourtant la vie existe, une bonne partie du désert peut se recouvrir très rapidement de fleurs rouges à la faveur de quelques pluies et sur le bord de la côte pacifique la rosée du matin a permis à la vie de s’adapter à ce manque d’eau. Le ciel y reste toujours sans nuage et la pureté de l’atmosphère a permis d’y installer les plus grands télescopes du monde. Dans ce désert, il y a d’immenses surfaces couvertes de sel, il y a des mines de cuivre de fer et de lithium . Pourtant les gens qui habitent là-bas sont très pauvres, pour soutenir leur économie ils n’ont trouvé qu’une seule opportunité, de devenir la poubelle du monde, depuis plusieurs années ils se sont engagés à récupérer tous les rebuts vestimentaires généré par les pays industrialisés. Ils espéraient avec leur main-d’œuvre bon marché faire du recyclage de ces textiles, mais ils ont vite été submergés par l’afflux des quantités devenues ingérables de cette matière première qui arrive par cargos entiers dans leur port. Alors ne sachant que faire, ils n’ont pas trouvé d’autre solution pour s’en débarrasser, que de les vider par camions entiers sur le bord des routes qui longent le désert. Pour les faire disparaître ils les font parfois brûler. Ceci émettant des fumées très toxiques pour la population, entraînant la destruction de la si belle et fragile biodiversité de ce désert. Et là ! on peut supposer que les particules nocives ne dérangent absolument personne à part les pauvres gens qui n’ont pas d’autre choix que de les accumuler dans leurs poumons. Et puis avec leur guerre et toutes leurs bombes qui génèrent tant de malheurs qui déciment tant de familles. Personne n’a l’air de bien s’inquiéter de tout ce que cela impose comme dégâts à notre planète à croire que ce serait une nécessité de faire la guerre. »

Puis le silence, je ne sais quoi dire alors je regarde une dernière fois le fourneau, les châtaignes, la petite biche de lait et les photos sur la table. Puis Gustave se dirige à côté du fourneau ou se trouve une grande caisse remplie de châtaignes il en rempli un sac et prend la parole : « avant de partir vous emporterez bien quelques châtaignes en souvenir de notre pays ». Alors avant de les quitter je les remercie chaleureusement de leur accueil, leurs châtaignes et pour les instants qui m’ont fait vivre intensément.

Jeannette reprend la parole : « avant de reprendre la route allez voir la crèche dans notre église ce sont les enfants du village qui l’ont réalisée, elle est vraiment très jolie cette année ». Alors, en traversant les rues un peu sombres, je me dirige vers ma voiture, mon sac de châtaignes à la main. Je m’interroge, est-ce que ma compagne du moment qui est un vrai cordon bleu grâce à son super robot de cuisine, sophistiqué et connecté saura trouver la solution pour faire cuire les châtaignes ? Mais avant de quitter le village je suis les conseils de Jeannette, je me rends à l’église, tout y est très sombre mais je suis dirigé par une lueur au fond de l’église. C’est bien la crèche ! Du papier rocher, des santons, Marie et Joseph et quelques étoiles qui brillent. Au-dessus de cette crèche une banderole « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

Cette phrase m’interpelle : oui la paix peut arriver grâce à la volonté des hommes, mais avant de faire la paix sur les champs de bataille il nous faut trouver dans chacun d’entre nous une paix intérieure. S’adapter à nos problèmes au lieu de toujours lutter contre, il nous faut faire un choix de société, arrêter de se faire la guerre pour savoir s’il est meilleur pour chacun d’entre nous de mettre du bois dans son fourneau et fait cuire ces châtaignes ou se servir de la dernière version du super robot de cuisine et consommer des produits ionisés super emballés avec une liste des ingrédients interminable et incompréhensible.

Pour avoir une paix durable il nous faut ouvrir les yeux : prendre conscience de ce que la nature nous accorde et la protéger. si l’on veut que notre écosystème perdure peut-être que c’est une certaine richesse de pousser le bois dans son fourneau , mais il paraît aberrant, et bien inutile de vouloir irriguer le désert sous prétexte que l’on a les moyens de le faire.

que la paix soit dans nos cœurs et dans nos esprits : Joyeux Noël à tous !

https://www.youtube.com/watch?v=1VLnJ93pA0o

https://www.youtube.com/watch?v=C_cMa5oDsOM

https://www.google.com/search?q=les+fleurs+dans+le+d%C3A9sert+de+atacama&sxsrf=ALiCzsZyrRjAv8E890aUes2AGZLqrJCF8g:1671784854743&source=lnms&tbm=vid&sa=X&ved=2ahUKEwi

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retraite avec sa petite biche de lait

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croix avec des coeur soldat mort pour la france
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ville tombe

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solda mort a la gerre
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